Bien que les ventes de berlines soient en chute libre chez nous, Hyundai croit qu’il pourrait en être autrement dans le monde de l’électricité. Après tout, n’est-ce pas la Tesla Model 3 qui trône au sommet des ventes de véhicules électriques au pays?
Certes, on peut en partie expliquer la chose par la disponibilité du modèle face à des produits comme la Chevrolet Bolt et la Hyundai Ioniq 5, pour lesquelles les listes d’attente ne cessent de s’allonger. Mais manifestement, la berline n’a pas dit son dernier mot.
Ironiquement, l’Ioniq 6 débarque au moment où Hyundai annonce une refonte de mi-mandat pour sa berline Sonata (vendue l’an dernier à seulement 2 744 unités au pays), laquelle pourrait ne pas être renouvelée par la suite. Il faut dire que l’Ioniq 6 est pratiquement de même taille, fournit plus d’espace intérieur, et est un produit tout simplement mieux adapté aux besoins et désirs des acheteurs canadiens.
Style audacieux
La partie arrière est inspirée de la berline Infiniti J30 (1993), et même si on lui greffe un becquet arrière « à la Porsche 911 », qui pour une raison inexpliquée, intègre cet espèce de panneau solaire… qui n’en est pas un. Certains détestent, d’autres adorent. Une voiture dont plusieurs éléments de style laissent perplexe, mais qui propose un coefficient de traînée de seulement 0,22, ce qui explique pourquoi elle est aussi efficace sur le plan énergétique.
Sans surprise, l’Ioniq 6 reprend l’ensemble des éléments techniques de l’Ioniq 5. Même structure et mêmes groupes motopropulseurs. De ce fait, on obtient sur le modèle d’entrée de gamme un moteur électrique de 168 kW (225 ch) qui, de pair avec la batterie de 77,4 kWh, permet une autonomie de 581 km. En somme, 82 kilomètres de plus qu’avec l’Ioniq 5 équivalente, uniquement parce qu’ici, l’aérodynamisme est plus efficace.
Passez à la version à rouage intégral, et vous obtenez cette fois deux moteurs électriques de 74 et 165 kW (320 ch) qui, toujours avec la même batterie, abaissent l’autonomie à 509 kilomètres. Puis, en optant pour la version équipée de l’ensemble Ultimate (plus luxueux), et parce que l’on troque les jantes de 18 pouces pour des 20 pouces, l’autonomie chute à 435 km.
Traduction : une autonomie réduite de 74 km pour obtenir de plus grosses roues qui, de surcroît, affectent clairement le confort sur nos magnifiques routes québécoises... Certes, ces roues sont jolies, mais à quel prix?
Conduite plus inspirante
L’Ioniq 5 n’est pas un véhicule que l’on se procure pour obtenir de grandes sensations de conduite. Il a beau libérer une puissance notable, jamais il ne pourra se vanter d’offrir une conduite aussi engageante qu’une Polestar 2 ou qu’une Tesla Model 3. Voilà donc un facteur de différenciation important pour l’Ioniq 6, puisqu’ici, le plaisir au volant est plus soutenu.
Vous dire que les sensations égalent celles de ses rivales serait exagéré, mais on prend tout de même beaucoup de plaisir à la conduire. La direction semble d’ailleurs plus précise qu’avec l’Ioniq 5, et il est clair que le centre de gravité plus bas de même que la position de conduite abaissée contribuent à cet agrément. Ajoutons également que les différents réglages pour la régénération d’énergie en décélération contribuent à une conduite plus agréable et paramétrable selon les conditions, ce que les autres ne proposent pas.
Hyundai mise donc davantage sur les performances routières avec cette berline, qui possède une panoplie de caractéristiques de sécurité. On y intègre pour la première fois un dispositif de conduite semi-autonome avec changement de voie à la seule activation des clignotants. Une technologie que les adeptes de Tesla considéreraient avec raison comme conservatrice, bien qu’elle soit ici très efficace. J’ai en effet pu l’expérimenter dans la circulation dense pour en conclure que ces systèmes fonctionnent à merveille… jusqu’à ce que la neige et la gadoue s’en mêlent.
Deux niveaux de finition
Optez pour un modèle Preferred et l’équipement de base sera amplement généreux. Cela dit, l’ensemble Ultimate - qui n’est malheureusement offert qu’avec la version à quatre roues motrices - propose de beaux ajouts : cuir synthétique, toit ouvrant, jantes de 20 pouces, système audio Bose, caméra 360 degrés, éclairage d’ambiance en 64 teintes de même que le système V2L permettant d’inverser la charge pour alimenter des accessoires à partir du véhicule.
Envisagerait-on éventuellement l’ensemble Ultimate sans ces jantes (qui affectent l’autonomie et le confort)? Une question qui semble déjà être en suspens, puisque même les gens de Hyundai admettent que cet impact est trop grand.
Évidemment, les Ioniq 6 reçoivent cette planche de bord semblable à celle de l’Ioniq 5, où l’on intègre deux écrans de 12,6 pouces. Le premier servant d’instrumentation paramétrable et l’autre, de centralisateur informatique.
Un écran où les icônes se multiplient, ce qui rend l’utilisation parfois confuse, bien que la qualité graphique comme la vitesse de réaction tactile soit excellente. Très confortable, l’habitacle de cette berline est aussi spacieux. Certes, le dégagement à la tête est limité à l’arrière en raison de la ligne de toit fuyante, mais l’espace est vraiment plus généreux qu’avec une Polestar 2, où la console centrale et la bosse de plancher à l’arrière gênent les occupants.
La Polestar 2 a cependant l’avantage d’un hayon plutôt que d’un coffre fermé, moins polyvalent. D’ailleurs, le volume de chargement de l’Ioniq 6 est un point faible, puisque Tesla propose un volume 40% plus généreux.
Autre point décevant, on perd ici le repose-pied de l’Ioniq 5 de même que son coffre à gants tiroir, si bien pensé. Deux petits éléments simples, mais appréciables, que l’on aurait pu intégrer à la voiture, question de configuration.
En incluant les frais de transport et de préparation et en déduisant les 12 000 $ de crédits applicables (taxes incluses) au Québec, le coût de revient avant taxes pour l’Ioniq 6 varie de 47 198 $ à 56 198 $. Le coût d’entrée pour un modèle à rouage intégral est de 50 198 $, une version qui risque d’être fort populaire.
Mais encore une fois, il faudra que Hyundai soit en mesure de répondre adéquatement à la demande, ce qui demeure le plus gros enjeu. D’autant plus que l’Ioniq 6 est de fabrication coréenne. Le constructeur semble sûr de pouvoir livrer ses voitures à la clientèle dans un délai raisonnable, mais quel sera le délai réel?